Solo Exhibition
New Paintings
May 14 - Jul 9, 2017
Triangle Bleu, Stavelot, Belgium
Sen CHUNG - New Paintings
14.05 - 09.07.2017
Vernissage dimanche 14 mai de 15h à 18h30
Du jeudi au dimanche de 14h à 18h30
ou sur rendez-vous
Evanescent Sen Chung
Le peintre sud-coréen expose ses nouvelles créations à la Galerie Triangle Bleu, à Stavelot. Plongée au cœur de l’été, dans un univers envoûtant et silencieux
Mis en ligne le 28/06/2017 à 09:00
par Aliénor Debrocq
Langueur, chaleur et torpeur nous mènent aux confins de la Belgique, où les rivières chantent et où les arbres bruissent dans la brise estivale : c’est à Stavelot, nichée sur le site de l’abbaye, que la galerie Triangle Bleu opère depuis de nombreuses années. Après avoir fêté les trente ans de leur bel espace l’an dernier, Francine Jacques et Marie-Claire Goose poursuivent leurs riches explorations avec l’exposition individuelle d’un fidèle de la galerie, qui travaille chez elles depuis douze ans.
D’origine sud-coréenne, Sen Chung (1963, Jenju) a étudié à Séoul avant de rallier la Kunstakademie de Düsseldorf, puis le Chelsea College de Londres pour poursuivre son exploration radicale et profonde du médium pictural. Vivant et travaillant entre la Corée et l’Allemagne, Chung déploie un univers singulier à cheval entre l’Asie et l’Occident, revendiquant ces influences mixtes qui composent une œuvre à la fois abstraite et figurative, concrète et évocatrice, lyrique et métaphysique.
Pour ce nouveau solo show, il occupe les salles principales avec de nouvelles œuvres, totalement abstraites, qu’il articule en regard d’autres formats et d’autres séries datant de 2007 à 2014. « Il est sans cesse habité par son propre paysage intérieur, qu’il tente de matérialiser par la peinture à la manière de l’archer asiatique qui entre dans un état de grande concentration pour pouvoir effectuer les bons gestes », explique Francine Jacques.
La perfection du tir
Pour Chung, la peinture est à l’image du tir à l’arc : une discipline stricte, physique et mentale, qui exige une tension maximale entre simplicité et complexité. Déjà réduites à une forme de minimalisme figuratif (avec un vocabulaire de plus en plus restreint : arbre, oiseau, cheval, femme), ses toiles explorent sans relâche les métaphores et les intuitions d’un monde hétérogène, à la fois fluide et subtil, voire évanescent. « Toutes les choses visibles sont des graines pour le jardin de l’invisible », évoque l’artiste, qui pousse la peinture jusqu’au paroxysme du dépouillement et en démultiplie les contraintes et les possibles. « La peinture a toujours été notre médium de prédilection depuis le début, quelle que soit la forme qu’elle prend, ajoute Francine Jacques. Chez Chung, il s’agit d’univers forts et subtils dans lesquels se perdre. Ses fidèles sont des gens capables de regarder un tableau très longtemps, d’approfondir leur observation, de prendre le temps nécessaire pour s’immerger dans l’œuvre. »
Aucune précipitation dans cette déambulation, que du contraire : une invitation à la lenteur, à la promenade mentale et physique, à la poésie délicate et floue qui émane des œuvres. On croirait y déceler quelque chose de Miró ou de Calder dans les cartes improbables autant que minimales des derniers travaux, ces « nouvelles peintures » que toute figuration a désertées.
Mais cette dichotomie habituelle entre abstraction et figuration, qu’on ne cesse de plaquer sur les artistes, vaut-elle encore ici quelque chose ? Ce n’est même pas certain : tout, chez Sen Chung, participe d’une même quête intérieure, d’une même nécessité de concentration autour de ce qui est absolument nécessaire à l’artiste pour transcrire une certaine idée d’un monde vacillant où tout est voué à disparaître. Envoûtant, mais seulement si l’on prend le temps de s’y attarder. Aucune énigme cependant, seulement une pensée visuelle, picturale, qui va bien au-delà des mots qu’on peut y déposer… Comme le dit Walter Swennen, dénonçant ce qu’il nomme « l’escroquerie de la peinture » : « Avant la peinture il n’y a rien. Un tableau ne s’occupe pas du sens des choses, mais le public ne peut s’empêcher de le chercher et de regarder les œuvres comme des énigmes à décoder. »
Sen Chung. New Paintings, jusqu’au 9 juillet, du jeudi au dimanche de 14 à 18 h 30, Galerie Triangle Bleu, cour de l’Abbaye 5, 4970 Stavelot, 080-86.42.94, www.trianglebleu.be.